Arnhold, Valérie (2024).

Cet article étudie l’évolution de l’organisation du contrôle public de la filière nucléaire, de la création des premières structures supervisant l’exploitation des installations nucléaires jusqu’à l’adoption de la loi sur la transparence nucléaire créant une agence formelle (1973-2006). Fondé sur un travail d’archives du ministère de l’Environnement, ainsi que sur une enquête sur entretiens, il retrace, tout particulièrement, les différents projets – réalisés ou abandonnés – de réforme organisationnelle du contrôle entrepris à la suite de l’accident de Tchernobyl en 1986. L’article montre à quel point ces projets reposent sur des modèles divergents de gouvernement du secteur et décrit les sens disparates de « l’indépendance » du régulateur qui s’affrontent, lesquels constituent une entrée heuristique dans les conceptions du rôle du politique dans les décisions nucléaires portées par divers acteurs. En partant d’un modèle « techno-politique » doté d’un fort contrôle de l’exécutif sur les décisions nucléaires, un nouveau modèle de gouvernement se construit progressivement au cours de la période, dans lequel les acteurs politiques sont mis davantage à distance des espaces de régulation du secteur, au profit d’une autonomie renforcée des organisations nucléaires (exploitantes et de contrôle). L’article interroge les conditions de possibilité de cette autonomie relative et aborde certains de ses effets, en particulier sur les modalités de contrôle des installations ainsi que sur la capacité de l’exécutif à remettre en cause les arrangements établis autour de la régulation des activités nucléaires.

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Arnhold, V. (2024). «L’indépendance» en question. La construction d’une autonomie relative des organisations nucléaires face au politique en France (1986-2006). Entreprises et histoire, 114(1), 21-47.